La musique dans le sang. Pour le Français d’origine portugaise David Carreira, ce n’est pas une simple expression mais une réalité familiale : fils de chanteur, frère de chanteur, David grandit baigné dans le son, celui de la voix de son papa et du piano de son frérot. Pourtant, c’est par des voies détournées que le jeune David deviendra artiste. Naissance à Dourdan, enfance en France jusqu’à l’âge de onze ans, puis retour au Portugal où il vit son adolescence. Doué pour le sport, il se dirige d’abord vers une prometteuse carrière de footballeur. Le destin, sous la forme d’une blessure au genou, en décide autrement.

David se tourne alors vers une carrière artistique, d’abord comme acteur. Il intègre la troupe du feuilleton portugais à succès Morangos Com Açucar, sorte de High School Musical dans lequel il doit chanter et danser. « Je me suis dit “Je vais m’amuser, on verra ce que ça donne si je suis pris”. On m’a demandé de chanter. Je me suis entrainé, j’ai été choisi, j’ai chanté de plus en plus. C’était en 2010 » se souvient David. Il interprète parfois du Michael Jackson, souvent de la pop mais peu de R&B hip-hop. En parallèle, il répète dans sa chambre et se prépare à une vraie carrière solo afin de chanter la musique qu’il aime. Il sort au Portugal un premier album en 2011, teinté d’électro et produit par TEFA. Gros succès local, il est certifié double platine, entre directement N°1 et se maintient pendant 43 semaines au Top albums, avec des visionnages records des clips sur le net et une 1ère tournée totalisant près d’un demi-million de spectateurs. Malgré tout cela, pas de sortie française. « Je crois au destin, ça n’était pas le bon moment ».

Pour son second album portugais, David rencontre les producteurs GARY FICO et DALVIN de Famous Farmer (Tal, Shy’m…), avec qui il démarre une fructueuse collaboration. Désireux de faire un duo international, David veut faire la différence et frapper fort. « Mon objectif premier, c’était SNOOP DOGG. Un mec que j’avais rencontré pendant le premier album m’a dit qu’il avait le contact avec lui. J’ai été à Los Angeles le voir avec ses producteurs, mais je n’aimais pas vraiment ce qu’ils me proposaient. Je lui ai fait écouter le titre que j’avais produit avec Gary, “Viser Le K. O.” Et on l’a chanté ensemble ». Joli coup. Autre fait rare pour un artiste portugais, certains de ses clips extraits de l’album A Força Esta Em Nos ont été diffusés sur les chaînes françaises. Cette fois, David Carreira est mûr pour une carrière internationale et pour un album en français. Ce sera le bien nommé Tout Recommencer.

« Je voulais faire ce que j’aime en musique française sans compromis, un peu plus urbain. Le premier album était en portugais et en anglais, là tout est en français. Je mets quelques mots en portugais pour un peu de soleil ». Travailleur acharné, David bosse sur une soixantaine de titres, adapte son style vocal à la langue française et s’entoure de collaborateurs qui vont l’aider à mettre en scène sa vision musicale. « Le portugais se joue moins sur les textes, en français il faut que je chante les mots, pas seulement les mélodies. Je l’ai compris dès le début. Je pense que j’ai trouvé ma manière de chanter en français ».

Dans le studio de DALVIN basé à Villeparisis, les sessions s’enchainent non-stop avec GARY FICO. Dès le titre d’ouverture « Obrigado La Famille » featuring DRY du label Wati-B, on découvre un nouveau David. À l’aise dans la langue française, avec ce parfum urbain qu’il voulait mettre en avant. TUNISIANO, le rappeur de SNIPER, participe à l’écriture de « Rien À Envier » et « Amnésique ». ABOU TALL de SHIN SEKAÏ (les juniors du label Wati-B), collabore à « Je Suis Ce Que Je Suis ». Une nouvelle version de « Viser Le K. O. », le titre avec SNOOP DOGG , est enregistrée. David savoure la performance en studio du rappeur californien : « J’étais en studio avec lui, il a posé deux fois sa partie et c’était plié en quinze minutes. J’étais stressé, et très impressionné ». Beatmaker émérite, SKALP (Indila, Rohff, Youssoupha, Black M) façonne le son de « Tout Recommencer », dont une version bonus en featuring avec Ikbal du groupe TLF. Autre invité hip-hop, le rappeur LECK, guest du remix de « Boom ».

David a une idée précise du son qu’il recherche, un mix de mélodies fortes et de beats urbains. Ce n’est pas un hasard si son album est truffé de références que les spécialistes sauront identifier, ainsi les samples du fameux « Tom’s Diner » de SUZANNE VEGA (sur « Viser Le K. O. ») et de « On My Level » de WHIZ KHALIFA (sur « Ma Liberté »).

Pour les thèmes, David a ses sujets de prédilection (il a écrit ou coécrit la majeure partie de l’album) : indépendance, famille, amour. Une trilogie que l’on retrouve sur des chansons puissantes et personnelles comme « Je Suis Ce Que Je Suis » et « Ma Liberté » (l’indépendance et la foi en sa destinée), « Obrigado La Famille » et « Je Ne Marche Pas Seul » (le partage et la famille), « Tout Recommencer » et « Amnésique » (l’amour et ses blessures intimes).

La touche féminine est apportée par TAL, que David a rencontré à Lisbonne où la chanteuse était venue tourner un clip. « Ma Liberté » la séduit, et TAL en enregistre une version, incluse en bonus track de l’album. Clin d’œil aux « Princes De La Ville » du 113, David invite le tonton MOKOBE sur « RDV », dont le texte évoque les « Princes de La Nuit ».

Premier morceau révélé au public, « Obrigado La Famille » affole les compteurs sur YouTube avec sept millions de vues en quelques semaines. « Boom » prend le relais et donne une image plus précise de ce chanteur des émotions, entre groove et saudade.

« J’aime les chansons qui donnent de l’espoir. “Boom” m’a aidé à surmonter un moment compliqué. J’essaie toujours de transmettre un message positif. Ce que je chante, c’est du vécu. Chaque morceau a son histoire. C’est super d’entendre quelqu’un dire qu’il aime un texte et qu’il s’y retrouve. Que ça soit “Ma Liberté”, “Vis Ta Vie” ou “Je Ne Marche Pas Seul”, qui est pour mon grand-père. L’album a un côté nostalgique. J’étais seul à Paris pour le faire, loin de ma famille. Je ne connaissais personne, tous ceux que je voyais étaient ceux avec qui je travaillais » se souvient David.

 Tout Recommencer. Un intitulé logique pour David Carreira, franco-portugais de retour dans son pays d’origine pour une seconde carrière.

Pas un nouveau départ, juste la confirmation d’un talent.